Cet article s’inspire de mon expérience personnelle de la maladie avec laquelle je cohabite depuis plus de 10 ans. Mon intention n’est pas de vous convaincre de recourir à un accompagnement thérapeutique, car chacun.e vit son expérience du cancer de manière unique et a le droit de choisir comment y faire face.
En France, chaque jour + de 1000 personnes apprennent qu’elles ont un cancer. Alors, que se passe-t-il lorsque le diagnostic tombe pour la 1ère fois ? Peut-être vous reconnaîtrez-vous dans mon vécu que je souhaite vous partager.
La première émotion ressentie est la peur, suivie de très près du désarroi ; puis vient une phase d’inaction (ou sidération) pendant laquelle on se laisse entièrement prendre en charge par le corps médical pour les aspects physiques (chirurgies, traitements, etc…). Après le tsunami initial, pour les plus chanceux, on retourne à la vie, mais avec un grand vide ; la maladie nous impose des changements radicaux d’autant plus difficiles à mettre en place et à accepter puisqu’ils n’ont pas été choisis. Heureusement pour moi, mon médecin généraliste de l’époque m’a conseillé de me faire accompagner. N’ayant aucune idée de ce que cela pouvait m’apporter, je me suis dit « pourquoi pas ? ». Mais rapidement, le déni a pris le dessus : « Je ne suis pas comme ces malades, je n’ai pas besoin d’aide, je suis forte moi… ». Pourtant, peu à peu j’ai dû reconnaître que je n’allais pas y arriver seule. Il m’a fallu du temps pour fendre et laisser tomber ma carapace et surtout pour accepter de recevoir de l’aide d’inconnus. Cela m’a pris de longs mois, mais je suis tellement reconnaissante aujourd’hui d’avoir fait le choix de l’accompagnement ; il m’a permis de mieux accueillir cette transformation imposée par la maladie mais nécessaire pour la guérison, à mon avis, et au fil des années j’ai développé des capacités de résilience que je n’aurais jamais imaginées ; j’ai appris à vivre au présent sans l’angoisse des contrôles et de la récidive, que j’ai faite à 2 reprises et que j’ai réussie à surmonter.
Avec le temps, j’ai transcendé ces épreuves en une véritable mission de vie. J’ai décidé de mettre mon expérience au service des autres et j’ai trouvé la force et la vocation de changer de voie et de me former pour accompagner ceux qui en ressentent le besoin.
Aujourd’hui, de plus en plus de structures médicales comprennent qu’il est crucial de prendre en compte l’aspect mental, psychique et psychologique du patient, au-delà de l’apport indispensable des traitements et des chirurgies. Le cancer, dont l’annonce est souvent vécue comme un choc, est un vrai traumatisme pour le corps et l’esprit. Prendre soin de ces aspects est pour moi essentiel pour commencer à améliorer la qualité de vie pendant la maladie et pour permettre ensuite de reprendre le cours de ses activités de la manière la plus sereine possible, sur le plan personnel, social et professionnel.
Mon parcours m’a montré que se faire aider ne signifie pas être faible, mais au contraire, c’est une preuve de force. C’est une démarche volontaire difficile, mais qui peut transformer non seulement notre façon de vivre la maladie, mais aussi notre manière de vivre tout court.
Les bienfaits immédiats de l’accompagnement thérapeutique
L’accompagnement thérapeutique m’a offert de nombreux bienfaits en me fournissant un soutien global qui dépasse le cadre purement médical.
L’un des aspects essentiels pour moi est d’avoir appris à m’adapter à l’adversité qu’est la maladie ; en effet, le diagnostic de cancer est un bouleversement profond, souvent accompagné de peurs concernant l’avenir, la douleur, la perte de contrôle ou encore la mort. Les thérapeutes spécialisés ou comme moi qui ont expérimenté le cancer, peuvent aisément aider à canaliser les émotions délétères, comme la colère, et à les transformer en énergie positive pour accepter ce que nous ne pouvons pas changer (lâcher prise) et affronter la maladie avec plus de sérénité.
Un autre bienfait crucial est l’amélioration de la qualité de vie quotidienne, en apprenant à mieux gérer les effets secondaires des traitements, qu’ils soient physiques ou psychologiques. Par exemple, les techniques de relaxation, de méditation ou encore de gestion du stress m’ont aidé à apaiser les douleurs, les nausées, les insomnies, et surtout chasser les pensées anxiogènes ; des soins corporels adaptés ont régénéré mon corps meurtri et endolori ; tous ces soins de support et pratiques psychocorporelles m’étaient totalement inconnus et ont été une vraie révélation.
L’accompagnement m’a permis également de travailler sur l’acceptation de mon corps, qui a profondément été affecté par les traitements et la chirurgie. Le soutien thérapeutique aide ainsi à restaurer une image de soi plus positive et à renforcer son estime ; cela demande un travail de longue haleine…
Pendant la maladie, l’isolement est un risque majeur. Même si le soutien des proches existe, ce fut mon cas, participer à des groupes de parole m’a permis de vraiment lâcher prise : rencontrer d’autres personnes vivant des situations similaires, partager des expériences, des doutes, mais aussi des espoirs, d’être écoutée sans jugement… Cette solidarité dans ce genre de groupes crée des moments de partages libres et authentiques sans tabou, c’est un véritable réseau de soutien, une ressource inestimable pour surmonter les moments les plus difficiles.
En acceptant de travailler sur les dimensions émotionnelles et psychologiques qu’impose la maladie, on reprend les rênes de son existence, en redéfinissant nos priorités et ainsi envisager notre avenir sous un angle plus constructif. Il ne s’agit pas seulement de survivre au cancer, mais de vivre pleinement malgré sa présence ; une habitude, pour moi, qui n’a cessé de perdurer au fil des années en enracinant l’idée de vivre à fond chaque journée, chaque instant…une nouvelle philosophie de vie pour une ancienne « working girl » comme moi… En conclusion, pour moi, l’accompagnement offre des bienfaits considérables, en apportant un soutien psychologique, émotionnel et social essentiel. Il aide vraiment à se réapproprier sa vie malgré la maladie, car cet accompagnement, tôt ou tard il faut s’en affranchir pour avancer seul.e sur le « nouveau » chemin de notre vie…je le vois comme les piliers qui soutiennent le pont, entre la maladie et la guérison que nous franchissons à notre rythme.
Notre singularité nous fait vivre la maladie différemment ; chacun.e doit être libre de choisir son propre chemin, qu’il s’agisse de se faire accompagner ou de traverser cette épreuve seul.e. L’essentiel est de trouver la réponse qui résonne le mieux en nous et qui correspond à notre histoire, nos besoins et nos valeurs. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire, simplement celle qui nous semble la plus juste…je vous ai un peu dévoilé la mienne